Le festin

bandeau le festin

Bonjour à tous !

 

Récemment, le site Alléchant m’a demandé d’animer une chronique sur l’alimentation.pour ceux qui ne les connaissent pas, Alléchant met en relation producteurs locaux (maraîchers, fermiers etc.) et consommateurs.

 

L’article est paru sur le blog d’Alléchant, consultable en cliquant ici.

 

Mais je ne résiste pas au plaisir de reproduire sur notre site le fruit de cette toute nouvelle collaboration.

J’espère que vous l’apprécierez, comme j’ai aimé écrire à propos du plaisir de la table, du plaisir de la vie, même si la situation actuelle n’est pas particulièrement réjouissante. Haut le cœurs, mes chers amis, et  soyons unis: aidons ceux qui perdent pied à passer ce cap.

 

Puisse la lecture de ce petit article remonter le moral de tous ceux qui souffrent en ce moment. N’hésitez pas à le partager!

 


Le festin

 

J’aimerais vous parler d’une chose très importante dans notre culture : le plaisir de manger.

 

Affiche le festin de babeth

 

 

 

Il y a quelques années, j’avais été émerveillée par un film franco-danois sans prétention, intitulé «Le festin de Babeth ». Sans prétention, mais qui décrocha quand même un Oscar (meilleur film étranger en 1988) !

 

Ce film est un hymne au plaisir du bien-manger, mais aussi un hymne à la vie. Et pour nous Français, bonne chère rime avec « être un bon vivant ». 

 

 

Cela me rappelle la réflexion faite par un ami Canadien, à l’accent si savoureux : «  vous autres Français, vous êtes le seul peuple capable de parler de nourriture, alors que vous êtes en train de faire un bon repas ! ».

 

 

 

 

 

Et c’est vrai que pour nous, passer à table n’est pas une formalité vite  expédiée : on savoure, on déguste, on complimente la cuisinière, on rit, on échange.  Et on y passe du temps !

 

Car une bonne table, c’est le sel de la vie.

 

Nous trouverons l’épice qui sublimera un plat, nous sommes capables d’apprécier et de  parler vin sans être œnologues, nous dégustons à petites lampées un bon cognac et nous fondons pour un dessert maison élaboré avec amour.

 

 

Mais revenons à ce film, tiré d’une nouvelle de Karen Blixen (qui a écrit des tas d’autres choses à côté de Out of Africa). 

 

Babeth, notre héroïne, tient les fourneaux d’un grand restaurant parisien.

Chassée de Paris suite à la répression sanglante qui s’abattit en 1871 sur la Commune, elle trouve refuge au Danemark, dans une communauté villageoise luthérienne très austère. Aussi austère dans sa façon de se comporter que dans sa façon de manger.

 

Je me souviens encore du regard de Babeth, bien forcée d’apprendre à faire la soupe au pain et à préparer la morue séchée comme le font les 2 vieilles filles qui acceptent de l’héberger ! 

 

 

Je ne vous raconterai pas la fin de ce joli film, tout en nuance, sauf pour dévoiler une partie du festin que Babeth concocte pour remercier les villageois: soupe de tortue, blinis Davidoff et cailles en sarcophage au foie gras et sa sauce aux truffes.

 

Une explosion de saveurs, un festival subtil et gourmand, un chavirement des papilles déferlent alors sur cette communauté qui s’est coupée de ses sens et son humanité, confondant ascèse puritaine et dévotion à Dieu.

Le festin de Babeth

 

Comme Babeth, comme les invités au festin de ce film, savourons chaque instant, profitons de la vie, rions aux éclats et surtout, partageons. Partageons l’amitié, partageons l’entraide, ouvrons notre cœur et notre table. Partageons le pain et le sel.

Les masques ne peuvent pas nous empêcher.

 

La vie est un festin.

 

 

Pascale Pansin

 

L’émotion qui ne nous veut pas que du bien

 

 

J’envisageais de consacrer cette lettre de mars à l’aromathérapie, le contexte du coronavirus se prêtant à un exposé des bienfaits des huiles essentielles pour la santé.

 

Mais l’annonce de la fermetures des écoles et des universités, puis le confinement qui suivit ont suscité de telles réactions de panique et d’angoisse que j’aimerais apporter l’éclairage de la médecine traditionnelle chinoise (MTC) sur les conséquences de ce tsunami émotionnel.

 

Sans entrer dans les détails qui risqueraient de perdre le profane en la matière, voici quelques points que vous devez avoir à l’esprit.

 

Nous reviendrons dans une future lettre sur les émotions et leur impact selon la MTC.

 

La santé est affaire d’équilibre

Souvenez-vous de notre article de décembre dernier : tout déséquilibre entre le yin et le yang, ces 2 pôles de l’énergie qui nous habite, est source de  maladie.

 

Symbole du yin et du yang

Les émotions sont de nature yang. Si elles sont excessives, le niveau de yang va monter à un point tel que le niveau de yin diminuera automatiquement.

Le yin, qui calme et maintient l’équilibre énergétique en nous, ne peut alors plus assurer sa mission.

 

Vous l’avez compris, les émotions, quand elles sont démesurées, déséquilibrent l’état de santé et perturbent l’organe auquel chaque type d’émotion est rattaché.

 

 

La batterie du rein selon la médecine traditionnelle chinoise

 

Actuellement, nous vivons dans un climat de peur: peur de ce virus inconnu, peur de la contagion, peur que la situation empire…

Selon la MTC, la peur perturbe l’élément Eau, auquel le rein est rattaché.

 

C’est un organe capital. Comparons-le à une sorte de batterie. Et quand la batterie s’épuise, la machine ne tourne plus rond, puis plus du tout.

 

Le rein est le dépositaire de l’énergie innée, celle qui nous est donnée à la naissance. Or, ce capital est en quantité limitée et non renouvelable.

 

Pour éviter de trop « tirer » sur ce capital, nous devons puiser dans une autre énergie, l’énergie acquise, qui nous est fournie par l’alimentation, l’air que nous respirons et notre état émotionnel.

 

Là encore, tout est question d’équilibre: une vie sans excès physique ou émotionnel, une alimentation de qualité, variée et en quantité suffisante, des exercices physiques basée sur la respiration permettent cet équilibre essentiel à notre santé.

On retrouve ici un thème cher à la MTC: la prévention des maladies par une conduite propre à entretenir et conserver notre santé.

 

L’intérêt de protéger notre batterie est d’autant plus important que le rein est également le réceptacle des défenses immunitaires. Malmené, du fait du surmenage, du stress, d’une alimentation déséquilibrée, le rein ne synthétise plus l’énergie de défense (ou système immunitaire, selon la vision occidentale).

 

 

Vous avez toutes les cartes en main !

 

Vous le comprenez, la peur fait le lit des attaques virales ou bactériennes.

 

Vous souhaitez aller plus loin ? Je vous renvoie à l’excellent article de Jean Pélissier, pour comprendre  les mécanismes entraînés par la peur et leurs répercussions sur les différents organes du corps humain.

Jean Pélissier est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels « La médecine traditionnelle chinoise pour les nuls ». 

C’est Jean Pélissier qui m’initia aux merveilles de la MTC et de la digitopuncture. Je profite de cette lettre pour lui adresser mes remerciements.

 

 

En cette période particulière, il est impératif de faire face sereinement, ne serait-ce que pour toutes les raisons dont je viens de vous parler.

Alors, évitons la sur-information dont la multiplicité, et les contradictions possibles, entraînent confusion et angoisse.

Profitons également du confinement pour prendre du temps pour nous, pour réfléchir, pour nous reposer, pour cuisiner en famille et jouer avec nos enfants. Et pensons à rire, pour faire fuir la peur !

 

Prenez bien soin de vous !

 

Pascale Pansin

Massons, massons !

 

Bonjour à tous !

 

Pour inaugurer l’année 2020, j’ai décidé de vous parler de ce que je pratique, concrètement, à mon cabinet de Cavaillon.

J’aimerais évoquer les techniques  que j’utilise et  que je perfectionne au cours de formations continues. Cela me permettra d’aller plus loin que les descriptifs succincts du site REIKI SANTE LUBERON, contenus dans l’onglet « Soins ».

 

La technique que j’évoquerai aujourd’hui  est à la fois douce et tonique : le massage Tui Na.

 

Vous savez qu’en médecine traditionnelle chinoise (MTC), la prévention joue un rôle important. Le massage Tui Na s’inscrit dans cette démarche, mails il est également utile en cas d’épuisement, de perte d’énergie et de troubles physiques.

 

Bien souvent, quand on pense massage, on imagine les îles, un parfum de fleur de tiaré ou d’ylang-ylang nous chatouille les narines, on entend le ressac de la mer turquoise qui  lèche nos pieds alors que l’on rêve que l’on marche sur une plage de sable blanc.

Rajoutez à ce tableau idyllique la douceur des mains qui enduisent d’huile notre corps endolori  ou malmené par le stress environnant… Stop ! On arrête de rêver, les amis  !

 

Certes, le massage Tui Na, c’est bien un massage, mais il ne s’agit pas à franchement parler de papouilles !

 

Papouilles ou pas papouilles ?

 

Avec le massage chinois (autre nom des Tui Na), on va plus loin. Car au-delà du bien-être qu’il procure invariablement, on va au cœur des  choses.

 

Et même si le geste du masseur se doit d’être élégant et plein de rondeur pour que la séance soit un pur moment de détente,  l’objectif du soin sera de réveiller les fonctions internes ralenties, de relancer l’énergie et de la canaliser afin qu’elle irrigue convenablement l’ensemble de notre corps.

 

Pour ce faire, le massage Tui Na travaille sur les points énergétiques, permettant ainsi  une action sur les méridiens.

 

Le masseur appliquera les règles thérapeutiques de la MTC. Un bilan de l’état de la personne à traiter lui indiquera quelles techniques manuelles privilégier pour réchauffer, harmoniser, disperser ou tonifier et pour savoir quels méridiens devront être travaillés, afin que cette personne retrouve tonus et santé.

 

Le masseur se référera aux principes de la MTC (la notion de vide de yin ou de yang, les effets des énergies perverses que sont le froid, le vent, l’humidité ou la chaleur, la notion de stagnation de l’énergie, par exemple) et, comme en acupuncture ou en digitopuncture, ces principes lui permettront d’établir une stratégie et de choisir les manipulations adaptées.

 

Cette présentation du Tui Na est  un peu terre-à-terre, mais je vous rassure, ce type de massage est  un pur délice, car il permet de relâcher toute tension.

 

Et pour le parfum d’ylang-ylang ou de fleur de tiaré, je verrai ce que je peux faire.

 

Image Pixabay / Silviarita

Concrètement, comment ça se passe ?

 

Vous l’avez compris, on stimule manuellement des zones corporelles et des points d’énergie (appelés aussi  points d’acupuncture). On travaille directement sur la peau, que l’on peut huiler afin que les gestes soient plus fluides.

 

Le massage permettra de libérer les tissus et les méridiens dont la circulation énergétique est ralentie. On lèvera ainsi les barrages, afin de relancer cette circulation.

 

Les zones corporelles et les points d’énergie,  sélectionnés à partir du bilan effectué en amont, seront stimulés avec un ou plusieurs doigts, avec le coude, la paume de la main ou la main entière.

Les méridiens seront massés et ainsi drainés. Cette stimulation des points et ce drainage  des méridiens régulariseront l’équilibre yin/yang,  ils agiront sur les mécanismes de défense de l’organisme et  stimuleront le système immunitaire et enfin, ils nourriront énergétiquement organes et entrailles.

 

De plus, le massage Tui Na agira directement sur le système locomoteur et sur les articulations, du fait des étirements et de l’échauffement procuré par le massage.

Le masseur à la manœuvre

 

Ces manœuvres peuvent être classées en 6 catégories :

 

  • Vibration, entraînant relâchement et étirement
  • Frottement et affleurement, qui apportent chaleur et détente et favorisent la circulation de l’énergie, du sang et de la lymphe
  • Compression : on pousse, on pétrit, on presse, on racle, on pince (légèrement !) pour tonifier ou au contraire disperser, pour détendre et assouplir
  • Percussion : avec les poings, avec le bord cubital de l’annulaire, avec la main en cuillère ou en bec, avec le dos des doigts. Selon l’intensité du mouvement, ces manœuvres vont stimuler ou apaiser
  • Mobilisation : on mobilise la hanche, par exemple, en la faisant rouler autour de son articulation
  • Roulement, avec le poing à moitié fermé ou le pouce sur de petites surfaces, pour débloquer les tendons, éliminer les tensions et traiter les douleurs.

 

Selon l’état de faiblesse de la personne massée, selon aussi l’effet recherché, la pression sera plus ou moins forte et plus ou moins longue.

 

Un Tui Na, pour quoi faire ?

 

Comme dit plus haut, cette technique manuelle est un excellent outil de prévention du mal-être et des maladies.

Mais elle est également tout indiquée pour traiter de nombreuses affections, chroniques ou pas : constipation, insomnie, torticolis, règles douloureuses, troubles de la digestion, pour n’en citer que quelques-unes.

 

Par précaution, on se dispensera de masser s’il y a brûlures ou plaies ou en cas de maladie en phase aiguë.

 

Comme pour l’acupuncture, les femmes enceintes, les personnes âgées de constitution fragile, les personnes en état de grande faiblesse éviteront de se faire masser.

 

 

Tui Na, ventouse et moxa : le trio gagnant

 

Très souvent, le massage est complété par la pose de ventouses, en silicone ou en verre.

 

Bâtonnets d’armoise séchée ou moxas

 

Je me sers également de moxa, soit sous la forme de bâtonnet d’armoise séchée, soit sous celle de petits cônes de la même plante, déposés directement sur la peau ou sur une rondelle de gingembre, interposée entre le moxa et la peau.

 

Le moxa sera ensuite allumé et approché  (à une distance raisonnable !) des points d’énergie sélectionnés, afin de faire pénétrer la chaleur et chasser les agents pathogènes tels que le froid. Plus généralement, il stimule l’énergie du point, permettant ainsi au corps d’avoir une réponse adaptée en fonction des affections à traiter.

 

 

Voilà, vous savez un peu mieux comment je travaille.  J’espère vous avoir donné envie de découvrir ce type de soin.

 

J’aime bien me définir comme accompagnant de santé, cet article vous permettra sans doute de comprendre comment je conçois mon métier.

 

Portez-vous bien et retrouvons-nous le mois prochain pour un prochain édito.

 

 

Pascale Pansin

 

Les bases taoïstes de la médecine traditionnelle chinoise : l’exemple du yin/yang (fin)

Décembre…Promesse prochaine de joie en famille, de sapin décoré et de rires d’enfants. Profitons de cette période de détente pour terminer l’étude (un peu ardue) de la symbolique yin/yang appliquée à la médecine traditionnelle chinoise 

 

Vignes sous le givre hivernal (Luberon)

Pour mémoire

 

Rappel des épisodes précédents, à l’attention des nouveaux abonnés (bonjour et bienvenue !) et de ceux qui auront tout oublié depuis le mois dernier.

C’est promis, le prochain édito sera plus court !

 

Quand on parle de médecine traditionnelle chinoise, on évoque immanquablement le taoïsme.

Or, pour les Occidentaux, cette relation n’est pas « parlante » et ne permet pas de comprendre la richesse et la subtilité de cette médecine.

 

En effet, le taoïsme n’a été découvert et étudié que récemment,  les Jésuites partis évangéliser la Chine au 17ème siècle ayant complétement passé sous silence cette école de pensée, à la fois religion et philosophie. L’observation de la nature, si chère aux maîtres taoïstes, fut assimilée à des pratiques chamaniques. A l’aube du siècle des Lumières, cette inclination paraissait être la preuve d’un certain obscurantisme.

 

Lao Tseu et Zhuangzi, 2 maîtres essentiels du taoïsme

 

 

Nous avons vu que, selon le taoïsme, le Dao est le principe fondateur de toute vie dans l’univers et que sa manifestation la plus importante a lieu dans la symbolique du yin et du yang.

 

Le yin et le yang, mais qu’est-ce que c’est ?

 

Contrairement à ce qu’on peut parfois lire, ces notions ne sont pas simplement complémentaires ou opposées.

 

Non, elles vont plus loin : le yin et le yang symbolisent l’alternance, à l’exemple du passage de la nuit (yin) au jour (yang), du froid (yin) à la chaleur (yang).

Ainsi, cette alternance comprend une notion dynamique d’évolution, à l’image de ce que l’on peut observer dans la nature.

Les saisons se succèdent, le froid peu à peu fait place à la tiédeur, qui évolue peu à peu  chaleur, pour enfin décroître, jusqu’à en devenir fraîche, puis froide, puis tiède à nouveau etc.

 

Cette alternance se fait en toute harmonie, c’est-à-dire dans l’équilibre des forces.

 

Symbole du yin et du yang

 

Ainsi, le taoïsme permet de s’approcher au plus près du fonctionnement naturel du vivant.

 

Appliqué à la santé, l’équilibre dans cette alternance des mouvements internes du corps est le but recherché par la médecine traditionnelle chinoise. 

 

 

Le yin et le yang et le taoïsme, quel rapport avec la médecine traditionnelle chinoise ?

 

Vous avez compris que toutes les évolutions, les transformations de l’univers se retrouvent dans la symbolique yin/yang.

C’est une base de la philosophie taoïste : tout, sans exception, est soumis au changement. L’alternance est la condition même de la vie.

 

L’alternance sous-entend le principe de cycles. Ce sont eux qui régissent la vie : la nuit (yin) succède au jour (yang), les saisons se suivent, le calme (yin) suit la tempête (yang). Et ceci est sans fin.

Cette évolution continue entre ces 2 tendances opposées que sont le yin et le yang garantit un équilibre, une harmonie.

 

 

Ainsi, l’originalité de la médecine traditionnelle chinoise (MTC) est due à cet héritage taoïste que sont la notion d’évolution perpétuelle, tout un ensemble de pratiques de longue vie et la dialectique yin et yang.

 

Car le but de la MTC est de préserver cet équilibre dynamique entre les 2 tendances yin et yang présentes en chacun de nous.

 

Notre corps est à l’image de l’univers. Il est en perpétuelle évolution. Et toute prépondérance excessive d’une polarité yin sera préjudiciable à l’élément yang présent dans notre corps. Et vice-versa.

 

Anciens modèles utilisés pour repérer les points d’acupuncture (Photo M. Franck)

 

 

En appliquant au corps humain les principes qui gouvernent la Nature, la MTC soutient par la prévention l’équilibre yin-yang présent en nous et elle le restaure en cas de maladie.

Car la maladie n’est rien d’autre qu’un déséquilibre entre le yin et le yang.

 

 

Nous en avons terminé avec ces notions de base concernant la MTC, qui nous permettront de mieux comprendre la pensée chinoise, notamment en matière de médecine.

Par la suite, nous aborderons d’autres thèmes concernant la MTC, qui seront plus faciles à comprendre maintenant que la question du yin et du yang a été évoquée.

 

N’hésitez pas à faire connaître cette lettre autour de vous et si vous souhaitez vous abonner pour la recevoir chaque mois, cliquez ici.

 

Portez-vous bien !

 

 

 

 

Les bases taoïstes de la médecine traditionnelle chinoise : l’exemple du yin/yang (2ème partie)

 

Novembre est là, annonçant déjà  l’hiver, avec sa belle lumière qui irradie à travers les silhouettes des arbres  dépouillés de leurs feuilles.

 

Quel plaisir que de pouvoir lire au chaud !Avec un thé aux parfums de cannelle et de girofle, l’éditorial de ce mois-ci vous emmènera sur les traces d’une des plus anciennes traditions spirituelles, le taoïsme, vue à travers un symbole primordial en médecine traditionnelle chinoise (ou MTC), le yin et le yang.

 

Comme je n’aimerais pas perdre des lecteurs en cours de route,  face aux nombreux éléments nouveaux portés à votre attention aujourd’hui, ce 2ème article s’attachera à l’origine et à la compréhension de ce concept.

En décembre, nous aborderons la question des liens entre le yin/yang et la MTC et nous aurons ainsi étudié la notion du yin et du yang sous tous ses aspects.

 

 

Petit rappel à l’attention des retardataires

 

Nous avons vu le mois dernier les origines de la connaissance qu’à l’Occident du taoïsme.

 

Pour mémoire, ce système philosophique et religieux à la fois fut longtemps ignoré, la connaissance de la Chine se fondant essentiellement sur les écrits et les témoignages des missionnaires jésuites européens.

 

Jésuite en habit de lettré confucéen, en mission d’évangélisation

 

Ceux-ci, partis évangéliser la Chine au 17ème siècle, firent la part belle au confucianisme, au détriment du bouddhisme et du taoïsme. Il faudra attendre la seconde moitié du 20ème siècle pour que le taoïsme soit enfin reconnu et étudié en Occident.

 

Aujourd’hui, entrons dans le vif du sujet: quelle est l’origine du symbole yin/yang et que signifie-t-il ?

 

 

Aux origines était le Dao

 

Lao-Tseu

 

 

On doit à Lao-Zi (ou Lao-Tseu) l’ouvrage fondateur du taoïsme, le Daode Jing (ou Tao Te King), écrit plusieurs siècles avant notre ère (6ème ou 5ème siècle, voire même 4ème ou 3ème siècle avant JC selon certains spécialistes).

 

 

 

Cet ouvrage mystique expose les origines secrètes de la vie, le DAO (prononcez tao).

Tout dans l’univers, notamment le corps humain, voit s’exprimer le Dao.

 

 

 

La vie découle du Dao, qui se manifeste dans la dualité du yin et du yang:

« Le Dao produit le Un, le Un produit le Deux, le Deux produit le Trois, le Trois produit les Dix Mille Etres, les Dix Mille Etres s’adossent au yin, mais tout en serrant sur leur poitrine le yang. »

Daode Jing chapitre 42

 

 

Mais qu’est-ce que le Dao ?

 

 

Difficile de le définir avec des mots !

 

Comme le disent les Taoïstes,

« En parler c’est déjà se tromper »,  » Le Dao ne peut se transmettre. le Dao ne peut être dit par des paroles ».

 

Je vais peut-être arrêter-là cette lettre de novembre…ou prendre le risque de mettre des mots sur « ce qui ne peut être nommé » (non, je ne suis pas en train de parler de Voldemort et de Harry Potter !).

 

A l’origine, dao se traduit par chemin, voie. Plus tard, il acquerra un sens plus abstrait, plus métaphysique, celui qui nous intéresse aujourd’hui.

 

On pourrait essayer de définir le Dao comme étant la loi universelle qui préside à la création de toute chose, de toute vie.

Et pour que cette vie puisse naître, le Un (le Dao) porte en lui le Deux (le yin et le yang), dont l’union produit le Trois. A son tour, le Trois (l’union du yin et du yang) engendre les Dix Mille Etres (l’univers, la vie sous toutes ses formes).

 

Ainsi, le Dao apparaît dans les manifestations du yin et du yang qui, en s’unissant, deviennent porteurs de vie.

La vision du fonctionnement du monde vivant, selon la pensée taoïste, est résumée dans cette phrase « le Dao produit le Un, le Un produit le Deux etc. ».

 

Vous commencez à comprendre l’importance de ces notions. Ce n’est pas juste une figure de style, le yin et le yang, c’est la vie en mouvement !

 

Roue à aubes (Isle/Sorgue): la vie en mouvement

 

Encore une citation pour y voir un peu plus clair, tirée du Yi Jing, ouvrage fondateur de la pensée chinoise (vous souvenez-vous de l’invention des trigrammes, évoquée dans notre lettre d’août ?Eh bien, ils furent exposés pour la première fois dans cet ouvrage, le Yi Jing) :

Un yin, un yang, cet ensemble est appelé fonctionnement (yi yin, yi yang, zhi wei dao)

 

Cette phrase est sibylline au premier abord, mais en réalité, elle est très simple si on la traduit moins littéralement (moins mot à mot) : une fois yin, une fois yang, c’est ainsi que tout fonctionne.

 

Merci au Professeur Jean-François Billeter, sinologue de renom, pour sa traduction lumineuse !

 

 

Alors, le yin et le yang, 2 facettes de la même réalité ?

 

J’espère que vous me suivez toujours, car ces déambulations dans les méandres de la pensée chinoise ont de quoi nous faire perdre … notre latin !

Accrochez-vous, nous avons fait le plus dur !

 

Avec cette dualité yin/yang, nous sommes au cœur de la pensée chinoise et, plus particulièrement, de la pensée propre à la médecine traditionnelle chinoise.

 

Je vous propose de nous retrouver le mois prochain pour aborder ce dernier aspect.

 

Pour être sûr de ne pas manquer le prochain article, merci de cliquer ici

 

En attendant, prenez bien soin de vous !

 

Pascale Pansin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les bases taoïstes de la médecine traditionnelle chinoise: l’exemple du yin/yang (1ère partie)

Bonjour à tous,

 

On ne peut parler de médecine traditionnelle chinoise (MTC) sans parler de yin et de yang

 

 

Le symbole du yin et du yang

 

A part cette représentation graphique, de quoi s’agit-il ? A quoi cette notion sert-elle en MTC ? Quelle est son importance . Et pour commencer, quelle est son origine ?

 

Pour répondre de manière complète à cette dernière question et pour comprendre de quoi nous parlerons lorsque nous évoquerons le yin et le yang, nous allons faire un grand détour.

Je vous emmène en voyage vers la Chine ancienne, au travers des 2 plus importantes traditions philosophiques et religieuses que sont le confucianisme et le taoïsme.

 

Confucianisme contre taoïsme: les missionnaires jésuites

 

Jusqu’à récemment, la Chine était vue uniquement sous l’angle du confucianisme. Souvez-vous des missionnaires jésuites partis évangéliser la Chine au XVIIème siècle (cf. éditorial d’août 2019).

 

A l’image du plus célèbre d’entre eux, le Père Matteo Ricci, les Jésuites revêtirent l’habit des lettrés confucéens, afin d’avoir accès aux plus hautes sphères de la société chinoise et de favoriser leur mission d’évangélisation.

 

Le confucianisme était la pensée officielle. Instrument idéologique, ce courant philosophique unifia la Chine par décision de l’empereur Han Wudi en 124 avant JC et cela dura jusqu’à … 1911 !

 

 

Confucius

 

Réservé aux lettrés du régime, le confucianisme permit de cimenter la caste de l’administration impériale et, plus généralement, celle du pouvoir économique, idéologique et politique, face à un pays et une population immenses.

 

Les Jésuites adressèrent à l’Occident toute une correspondance détaillant les mille et un aspects de la vie en Chine telle qu’ils la voyaient, c’est-à-dire à travers le prisme du confucianisme. Ils en étudièrent les textes, les traditions et le culte religieux. Les ouvrages qu’ils firent paraître au sujet de la Chine influencèrent les philosophes des Lumières au siècle suivant.

 

Ainsi, aux yeux des Occidentaux des XVIème et XVIIème siècles, le confucianisme acquit une telle importance qu’il en éclipsa les 2 autres formes de tradition spirituelle qui imprégnaient la Chine, à savoir le bouddhisme et le taoïsme.

 

Le taoïsme fut assimilé à des pratiques superstitieuses, en dépit de la connaissance qu’eurent les missionnaires de tout un corpus de textes sacrés.

 

Malgré les travaux du Prof. Abel-Rémusat en 1816 ou ceux de Prof. Henri Maspero, mort en 1945, cette méconnaissance du taoïsme dura jusqu’à la seconde moitié du XXème siècle.

 

 

 

La découverte du taoïsme au XXème siècle

 

En effet, il faudra attendre cette période pour que l’on comprenne son importance et que son empreinte dans la tradition cultuelle et philosophique de la société chinoise soit reconnue.

 

Comme l’écrivait en 2006 le Prof. Jean-François Billeter :  » En l’espace d’une génération, nous avons assisté à l’émergence d’un continent. Notre vision de la Chine en a été transformée … »

 

Nous n’entrerons pas ici dans la description du taoïsme ou des études qui lui furent consacrées ces dernières années, ni de sa place dans la Chine antique.

Nous nous intéresserons plutôt au lien entre taoïsme et MTC, dont le symbole du yin et du yang est une des manifestations.

 

Ceci fera l’objet d’une prochaine lettre.

 

 

En attendant, prenez bien soin de vous !

 

 

Pascale Pansin

 

 

 

 

 

Septembre: rentrons zen !

Canal de Carpentras (Cheval Blanc)

 

Adieu, tongs et espadrilles ! C’est la rentrée, en ce beau mois de septembre, dans les cours d’école, dans les bureaux et d’abord…dans nos chaussures de ville !

Hélas, ce retour grignote peu à peu nos belles réserves d’énergie et nos résolutions de vivre cette année plus calmement et plus zen.

 

ZEN. Le mot est lâché ! promis, je ne vous ferai pas une étude sémantique de ce terme, ni un cours d’histoire sur la pratique du zen dans la Chine du 6ème siècle.

Aujourd’hui, j’esquisserai juste quelques pistes pour s’en approcher et des mesures de bon sens.

Ah ! Etre zen et le rester malgré la tempête ! Belle résolution, qui nous permet de nous remettre en question et de nous inciter à améliorer un côte de notre personnalité que nous aimerions plus ceci, moins cela.

 

Le côté moins positif des bonnes résolutions, c’est que si nous n’atteignons pas notre objectif, nous avons tendance à culpabiliser un tantinet.

Or, vouloir être zen ne doit pas se transformer en course à la performance (ça, ça n’est pas zen du tout !). On ne décrète pas que l’on va atteindre le nirvana et rester perché sur un nuage de béatitude, en dépit du tumulte environnant.

 

Mais tout n’est pas perdu, vous allez voir !

 

Commençons par faire une première chose: arrêtons de nous fustiger !

Nous faisons ce que nous pouvons, avec nos moyens, pour faire face à nos devoirs et cela du mieux que nous le pouvons. Nous ne vivons pas dans un monastère loin du monde, alors, la sérénité d’un moine tibétain ou d’un ermite du désert face à la montagne d’obligations de la rentrée, ça ne tient pas la route longtemps.

 

Eh bien, vous savez quoi ? C’est normal. C’est humain. Et ce n’est pas la fin du monde.

 

 

Maintenant, faisons un peu de tri

 

L’avalanche d’injonctions (il faut faire ceci, il faut faire cela, je dois, il faut) nous fait perdre notre rythme intérieur et fait s’emballer la machine.

Dans toutes nos obligations, qu’est-ce qui est urgent ? Que peut-on anticiper pour ne pas être pris de court ?

Trier, puis déléguer feront baisser le régime moteur. Je m’adresse ici plus particulièrement aux champions/championnes du contrôle, qui préfèrent tout gérer parce que le ou la partenaire ne fait pas aussi bien qu’eux (mais oui mais oui, nous savons que vous approchez la perfection !).

 

Déléguons, partageons pour alléger le quotidien. Par ailleurs, c’est une marque de confiance et cette confiance, elle aussi, contribue à mettre de la sérénité dans la vie.

 

 

La pause-soupape

 

Il y a quelques années, j’ai recueilli et élevé un oisillon, baptisé Nestor. Il était tombé du nid et avait atterri sur le seuil de ma porte. Il était si petit, juste recouvert d’un fin duvet.

 

Grâce à lui, durant les 2 mois où j’en ai pris soin, j’ai appris à connaître ces petites bêtes que sont les oiseaux, je sais à quel point ils peuvent être joueurs, coquins, câlins.

 

Il me suffit désormais d’observer le ballet des rouges-queues noirs et des mésanges dans mon jardin pour mettre mon esprit sur pause.

 

A chacun sa méthode (observer des poissons dans un aquarium, méditer, couper son portable et écouter le silence …). L’important est de laisser son esprit dériver pendant quelques minutes, de laisser les pensées aller et venir, sans les diriger.

 

Baisse du rythme et rechargement des batteries garantis !

 

 

Médecine traditionnelle chinoise et émotions

 

Parlons un peu de MTC, selon laquelle le corps et l’esprit sont liés. Les émotions peuvent affecter à la fois l’énergie circulant dans notre corps (le Qi) et le bon fonctionnement des organes  et être ainsi à l’origine de pathologies.

 

L’anxiété, le fait de ressasser, se faire du souci, la colère, toutes ces émotions, quand elles sont sans raison ou disproportionnées, sont des ennemis de la zénitude.

En plus de nous mettre à plat, voire même de nous rendre malades, des émotions de ce type nous empêchent de profiter de l’instant présent, de la compagnie de nos proches et de savourer le bonheur de vivre.

 

Alors, pour bien commencer la journée et mettre un peu de zen dans notre vie dès potron-minet, éteignons nos postes TV et radio à l’heure des journaux du matin.

Les informations diffusées, plutôt anxiogènes, vont bousculer notre petit Maître Yoda intérieur dès le saut du lit. C’est dommage, non ? Profitons plutôt de la fraîcheur du jour qui se lève, du calme environnant et de l’odeur du café tout frais. Les info attendront que nous soyons bien réveillés !

 

Zen, je crois que c’est ça: profiter de l’instant présent sans se laisser déborder par l’extérieur et remettre de la lenteur dans nos actions et dans notre pensée.

 

J’espère que nous serons nombreux le 21 juin prochain à célébrer la journée mondiale de la lenteur.

 

En attendant, je vous recommande 2 livres pour approfondir la question :

Eloge de la lenteur de Carl Honoré. Apaisant, joyeux, pour retrouver le tempo giusto.

10 minutes pour être zen de Sioux Berger. Ce petit guide fourmille de recettes et d’exercices pour développer et cultiver la zénitude en nous et dans nos relations (avec les enfants, en famille, au travail).

 

Bon mois de septembre, belle rentrée et prenez soin de vous !

 

 

 

Pascale Pansin

 

 

 

 

Médecine traditionnelle chinoise: repères historiques

 

Entrevennes, plateau de Valensole

 

 

Après un mois de juillet consacré au repos, reprenons le cours de nos lettres.

En ce beau mois d’août, inaugurons le cycle consacré à la médecine traditionnelle chinoise, avec un 1er article consacré à son histoire.

 

 

 

Bonjour à tous,

 

Quel rapport existe-t-il entre la médecine traditionnelle chinoise et un empereur jaune, la pensée symbolique et la Compagnie de Jésus ?

 

Aucun, me direz-vous ! Eh bien non, vais-je vous répondre !

 

 

Quelques éléments de base pour commencer

 

La médecine traditionnelle chinoise (ou MTC) est une médecine plurimillénaire. Loin d’être une fantaisie New Age ou une thérapie nouvelle venue sur le marché des soins bien-être, c’est un ensemble complet de théories et de pratiques de santé connu dans notre pays depuis fort longtemps.

 

Elle fut introduite en France par le biais de l’acupuncture au début du 20ème siècle. Ou plutôt réintroduite.

 

En effet, dès le 17ème siècle, des missionnaires jésuites s’attachèrent à faire connaître à l’Europe la civilisation chinoise et à traduire les ouvrages traitant de médecine. L’apport des Jésuites fut considérable pour la connaissance de la médecine chinoise. L’acupuncture notamment (l’acupuncture est l’une des 4 branches de la MTC) suscita un vif intérêt et elle fut étudiée et pratiquée au 17ème siècle et une partie du 18ème siècle par de nombreux savants et médecins.

 

Mais, influence de la logique cartésienne du siècle des Lumières ou exercice sans conscience et sans beaucoup de sérieux de la part de quelques-uns, l’acupuncture fut peu à peu reléguée aux oubliettes de la science.

Et ce, malgré quelques ouvrages remarquables édités au siècle suivant par le Docteur Berlioz (le père du musicien) et par le diplomate Dabry de Thiersant.

 

Il faudra attendre le début du 20ème siècle pour que l’acupuncture et la MTC soient réintroduites dans notre pays. C’est à Soulié de Morant, autre diplomate en poste en Chine, que l’on doit cette renaissance.

 

 

Remontons un peu plus loin

 

Selon la tradition, la MTC remonterait à 5000 ans environ, avec l’avènement de l’Empereur Jaune, qui régna sur la Chine 27 siècles avant notre ère.

 

Mais, si l’on se base toujours sur la tradition, il faut remonter plus avant et vous verrez qu’un souverain peut en cacher d’autres !

 

Mythe et histoire réelle se mêlent, avec 2 autres empereurs de légende, Fu Xi et Shen Dong , qui auraient régné bien avant l’Empereur Jaune.

 

Mais pourquoi évoquer ces personnages, dont l’existence n’est pas certaine? Parce que leurs contributions sont à la base de la MTC et de sa logique si particulière.

 

Suivez-moi et vous allez comprendre.

 

 

  • Commençons par Fu Xi

Fu Xi est le père des 8 trigrammes représentant les interactions entre le Yin et le Yang. Ils sont organisés en un symbole, le Bagua.

Ce symbole se présente sous la forme d’un octogone de 24 traits, organisés en 8 trigrammes (un trigramme est un ensemble de 3 traits). Ces trigrammes expriment les différentes combinaisons du Yin et du Yang, le Yin étant représenté par un trait plein (‒) et le Yang par un trait ouvert (‒ ‒).

On retrouve ce symbole dans le taoïsme et dans le Yi King :

 

 

 

 

Ce symbole représente la vie en évolution, chaque trigramme étant légèrement différent du suivant et du précédent. Ces 8 trigrammes se succèdent en une boucle continue, le monde n’ayant ni commencement, ni fin.

Nous verrons plus loin que la théorie du Yin Yang est la base de la sagesse et de la pensée médicale chinoises. C’est un modèle qui exprime de manière symbolique les mécanismes du vivant.

Toute manifestation du vivant est une interaction entre le Yin et le Yang et les pathologies (elles aussi sont une manifestation du vivant) sont le signe d’un déséquilibre entre ces 2 éléments.

 

 

  • 2ème empereur de légende : Shen Dong

Surnommé « Cultivateur Divin » par les Chinois, Shen Dong est à l’origine de la médecine par les plantes, qui est l’une des branches de la MTC.

Il aurait vécu entre 5080 et 4960 avant notre ère et aurait inventé les premiers outils agricoles (la charrue, la houe et l’araire).

Selon la légende, il testa et recensa 365 plantes utiles à la santé et bien plus tard, ses disciples compilèrent l’objet de ses recherches pour créer le 1er traité chinois de phytothérapie, le Shen Nong Ben Cao Jing.

 

 

  • 3ème empereur de légende : l’Empereur Jaune Huang Di

De ces 3 souverains, Huang Di est le seul dont l’existence soit attestée. Il régna de 2697 à 2598 avant J-C et il est considéré comme le père du peuple chinois.

Toutefois, en Chine, mythe et histoire se mêlent et même si certains spécialistes remettent en cause la véracité du récit historique contemporain faisant de Huang Di le père de la civilisation chinoise, ce personnage est important à plus d’un titre pour la MTC.

En effet, il existe un ouvrage fondateur de la MTC, intitulé Le Classique de l’Empereur Jaune (Huang Di Nei Jing en chinois).

Ce texte fut écrit longtemps après son règne, entre le 3ème et le 1er siècle avant JC. Il s’agit d’un dialogue entre Huang Di et son médecin à propos de la médecine et qui expose les fondements de la MTC, les traitements et les règles de vie pour une santé parfaite.

Le Huang Di Nei Jing est toujours étudié et commenté dans les écoles enseignant la MTC, en Chine et dans le reste du monde.

Si nous prenons l’ère de l’Empereur Jaune comme base de départ pour la MTC , ceci explique pourquoi on présente la MTC comme ayant 5000 ans d’existence.

 

 

Voilà, ce sera tout pour aujourd’hui !

 

Loin d’avoir tout abordé, j’ai introduit quelques éléments essentiels pour connaître et comprendre la MTC. Ce domaine est si vaste, si riche, si complexe parfois pour notre pensée rationnelle occidentale que je n’ai fait ici que le survoler, afin de rester à la portée d’un public non familiarisé avec la MTC et son système de pensée.

 

Petit à petit, nous verrons d’autres éléments qui nous permettront de mieux connaître et comprendre la médecine traditionnelle chinoise.

 

D’ici là, bonnes vacances et prenez bien soin de vous !

 

 

Pascale Pansin

Fatigue, quand tu nous tiens (1ère partie)

Amandier terrassé, mais en fleur (Alpilles)

 

Qui n’a jamais dit ou entendu dans son entourage « Je suis fatigué » ?

Cette plainte revient fréquemment et je l’entends souvent dans mon cabinet.

 

La fatigue peut être classée en 2 catégories :

 

  • celle qui survient après un effort physique et qui disparaît avec le repos,
  • celle qui subsiste anormalement malgré le repos. Elle peut être physique ou psychique, voire les 2 à la fois.

 

 

Le terme médical recouvrant cette seconde catégorie est l’asthénie et c’est elle qui nous intéresse aujourd’hui.

Les causes en sont multiples et certaines formes d’asthénie sont prises en charge par la médecine. Il s’agit de l’état de fatigue lié à une pathologie comme la carence en fer, la narcolepsie, une pathologie endocrinienne, la mononucléose etc.

 

 

Mais qu’en est-il des autres formes rencontrées en-dehors de toute maladie avérée ?

 

Même si elle est un important motif de consultation dans notre pays (jusqu’à 25%, selon une récente étude menée par la caisse d’assurance-maladie), de nombreux médecins sont démunis face aux patients se plaignant de lassitude extrême, de perte d’énergie, de manque de dynamisme pour effectuer la moindre tâche.

Actuellement, un médecin généraliste, malgré toute sa bonne volonté, dispose de peu de temps pour écouter les doléances et faire office de psychologue face au mal-être qu’exprime cette fatigue dans bien des cas.

A part quelques analyses sanguines ou des examens complémentaires s’il suspecte une pathologie non encore déclarée, que peut-il donner d’autres que quelques vitamines et minéraux et des conseils d’hygiène de vie ?

 

Et surtout, cela règle-t-il le problème de fond ? Assurément non.

 

 

Allons plus loin avec les thérapies holistiques

 

Il faut aller chercher plus loin et passer à une prise en main individuelle. Les thérapies holistiques considèrent l’être humain dans sa globalité (d’où leur nom. Voir à ce sujet la lettre de mars).

La fatigue y est vue au niveau physique, mais aussi au niveau mental et au niveau émotionnel. L’équilibre de ces 3 composantes garantit bien-être, mais aussi absence de maladie.

La prévention jouait un rôle important et dans la Chine ancienne. Les patients prenaient rendez-vous avec leur médecin à chaque changement de saison. Il leur prescrivait des plantes, des exercices physiques et une diététique adaptés à la saison à venir et à leur profil. On évitait ainsi la maladie, mais aussi le « coup de mou » saisonnier (qui ne s’est jamais senti épuisé par les chaleurs de début d’été ou vidé de toute énergie à la fin de l’automne ?).

La prévention, voici le secret.

Prendre soin de soin régulièrement, sur tous les plans, et pas seulement quand ça ne va pas, que le moral est en berne et le niveau d’énergie proche de 0.

 

 

Quelques pistes classiques pour entretenir son niveau d’énergie …

 

Nous allons rapidement évoquer la diététique, le sommeil et l’activité physique. Il s’agit ici de simples rappels, car ils sont fréquemment évoqués (hésitez pas à suivre les liens ci-dessous pour des informations plus détaillées).

 

Diététique : ne sautez pas de repas et évitez le grignotage (votre foie vous dira merci…ainsi que votre tour de taille !). Privilégiez les fruits et légumes de saison et ne faites pas l’impasse sur les protéines, qui permettent une complète assimilation des sucres et des graisses. Enfin, hydratez-vous régulièrement (environ 1.5l d’eau par jour).

 

Sommeil : quel que soit votre besoin, dormez le nombre d’heures qui vous est nécessaire et ceci régulièrement (les gros dormeurs devront sans doute éteindre la TV plus tôt pour atteindre leurs 8H minimum). Rangez ordinateur et téléphone portable au moins 1H avant de vous mettre au lit, car l’excitation cognitive et l’exposition à la lumière, même artificielle, gênent le processus d’endormissement. Evitez aussi les informations anxiogènes des programmes télévisés et les discussions houleuses avant d’aller au lit. Les dérèglements du sommeil, s’ils sont négligés et non traités, peuvent entraîner à plus ou moins long terme une baisse de l’immunité et un risque de dépression.

 

L’activité physique en journée permettra d’une part d’avoir un sommeil de meilleure qualité, et d’autre part d’entretenir les os, les muscles et plus généralement la vitalité.

 

… et d’autres moins

 

En-dehors de ces notions physiques pour prévenir la fatigue, notre niveau d’énergie sera à son maximum si nous prenons soin de nos besoins psychologiques.

 

En effet, l’écoute de soi et de ses besoins permet de vivre dans cet équilibre qui garantit entrain et bien-être. Je me base sur les travaux en psychologie d’Eric Berne et de T. Kahler, qui proposent une grille de lecture des comportements humains pratique et évolutive. J’en présente ici quelques éléments, en lien direct avec l’objet de cette lettre.

 

Une personnalité tourne autour d’un axe prédominant et ce, quelles que soient la richesse et la complexité de cette personnalité. A chaque axe prédominant correspondent des besoins psychologiques. Notre niveau d’énergie dépend directement de leur satisfaction. Leur non-satisfaction entraîne stress, mal-être et démotivation (nous reviendrons plus en détail sur l’importance des émotions sur notre psychisme et sur notre corps dans la 2ème partie de cette lettre).

 

  • Empathique, dans le partage, sensible à l’ambiance et chaleureux ? Vos besoins sont liés à la nourriture, à votre apparence, à la convivialité. A vous les repas entre amis, les soins chez l’esthéticienne ou au spa, les massages, la découverte de petits producteurs pour déguster les meilleurs produits .
  • Amoureux du travail bien fait, un brin perfectionniste, à l’emploi du temps maîtrisé, vous détestez les contretemps qui pourraient le désorganiser. Vous avez besoin d’apprendre, de vous perfectionner, de découvrir. Les expo et tout ce qui enrichit votre soif de connaissances vous permettront de nourrir vos besoins essentiels.
  • Volontiers taquin, aimant travailler en groupe, mais dans la bonne humeur, prompt à plaisanter, privilégiez les rencontres amicales, allez voir des comédies ( avec des amis, de préférence) et faites du théâtre ou de l’improvisation. Souvent dans vos pensées, pas très bavard, réfléchi, à vous les balades en forêt, les soirées à bouquiner et les moments de solitude où vous prenez du temps pour vous et pour réfléchir.
  • Très doué pour les contacts, plutôt du genre « coup de tête », agissant avant de réfléchir, vous aimez ce qui va vite et ce qui est nouveau, tandis que les longues discussions et les réunions à rallonge vous assomment. Privilégiez les sports extrêmes, la compétition, lancez-vous des défis et défoulez-vous !
  • Pondéré, aux opinions affirmées, un grand sens des valeurs, la notion exacte de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas, pourquoi ne pas vous engager dans une association et défendre une cause qui vous est chère, afin que votre besoin d’engagement et de reconnaissance de vos valeurs trouvent à s’employer ?

 

 

Quand on connait ses besoins essentiels et que l’on apprend à les nourrir, on en retire de la satisfaction et la sensation d’être bien dans sa vie. Ce sentiment de bien-être éloignera tout sentiment de fatigue, perception trop souvent liée à une non-reconnaissance de son être et de ses aspirations profondes (non-reconnaissance personnelle, mais aussi par l’entourage familial ou professionnel).

Par exemple, une personnalité plutôt empathique verra son potentiel et son niveau d’énergie augmenter si son chef de service la salue aimablement et a le « petit mot gentil du matin » ou si son conjoint la complimente.

 

On comprend alors que la fatigue n’est pas seulement un phénomène purement physique, elle est en relation avec son état intérieur, au niveau individuel, mais aussi en relation avec l’environnement.

 

Alors, apprenez à reconnaître vos besoins et nourrissez-les !

 

Nous verrons le mois prochain la fatigue une fois qu’elle s’est installée et la vision qu’en donne la médecine traditionnelle chinoise.

 

En attendant, prenez bien soin de vous !

 

 

Pascale Pansin

 

Du courage d’être soi

Pont sur le gaudre Romanin (Alpilles)

Cette lettre du joli mois de mai m’a été inspirée par ma rencontre récente avec  Tim et Annekee.

 

 

C’était à Pâques, fête de la résurrection du Christ chez les chrétiens, mais aussi du renouveau,  sur le plan symbolique.

Et c’est une véritable histoire de renaissance que Tim me raconta ce jour-là.

 

Tim approche les 60 ans. Grand, de grands yeux bleus, comme beaucoup de ses compatriotes. Et une colère qui surgit au détour d’une phrase, colère enfouie pendant des années, durant une vie vécue à l’étroit dans la banlieue de Rotterdam. Tim me parle de la Hollande telle qu’il la voit, sans relief et sans couleurs, à part le gris, de son sentiment d’enfermement et de solitude ressenti au contact d’une société peu tournée vers l’autre.

 

Un beau jour, Tim a tout arrêté. Direction la Provence, près de St Rémy. Et là, tel Van Gogh, il découvre la lumière, les couleurs, les reliefs des Alpilles,  la beauté simple des iris sauvages, le parfum des cystes et de l’hélichryse quand le soleil est au zénith. Il devient ouvrier agricole et ce contact avec la terre l’apaise, enfin. «  Aujourd’hui, quand on me demande d’où je viens et ce que je fais dans la vie, je ne réponds pas. Ce n’est pas ça qui me définit. Je ne suis pas un Hollandais ouvrier agricole. Je suis…moi ».

 

 

Des histoires comme celle de Tim, vous avez dû en entendre parfois : l’éveil à la nature, le retour à la terre, la célébration païenne des noces entre le citadin en quête du sens de la vie et la Terre-mère. Toutes ont en commun la rupture : avec un mode de vie devenu inadapté, avec des comportements sociaux aliénants, avec l’argent-roi.  Mais ce qui m’a frappé dans celle de Tim, c’est la notion d’unité : l’union avec soi, les retrouvailles avec son être, la re-naissance.

 

Il faut du courage pour oser être soi. Car oser être soi, ce n’est pas seulement larguer les amarres, comme Tim. C’est aussi oser dire non. Non à ce qui ne nous ressemble pas, non à ce (et à ceux) qui nous blessent, non à ce que l’on veut nous imposer sans examen préalable de notre part.

En étant soi, on est conscient. De nos forces, de nos faiblesses, de notre héritage, de nos valeurs. On ne marchande pas avec soi: on prend le tout. On est UN.

 

Quel rapport avec la santé, me direz-vous ?

 

Sur le plan de la santé holistique, être soi permet d’atteindre l’équilibre. La médecine traditionnelle chinoise distingue, parmi les causes de maladies, les facteurs internes que sont les excès émotionnels: l’angoisse, l’excès de réflexion, l’anxiété, l’excitation, ainsi que la colère et la tristesse, comme dans le cas de Tim.

Ces émotions négatives agressent l’organisme, chacune touchant l’organe qui lui est associé, selon la théorie des 5 éléments (nous y reviendrons dans une prochaine lettre, qui sera consacrée à la médecine traditionnelle chinoise).

 

Etre soi devient ainsi une nécessité pour vivre « en santé », comme disent les Canadiens, et pour vivre heureux. Heureux car libre : libre de ses choix, libre de ses croyances, libre du chemin  que l’on veut emprunter.

 

Alors, soyons notre propre guide. N’attendons pas de suivre quelqu’un d’autre. L’autre peut nous accompagner, nous montrer une voie, mais au final, c’est vous seul qui choisirez celle à suivre, car vous seul savez ce qui est bon pour vous.

 

C’est le vœu que je formule aujourd’hui pour chacun de nous : soyons libres d’être nous-mêmes.

 

Prenez bien soin de vous !

 

Pascale Pansin